for Bram van Velde

All that Bram van Velde painted

all that he dressed in rain and corroded hearts

is recognized by the night

with its pricks of hope

and its damp ash and spit.

 

Don’t bother to ask anyone

where the vegetally alone cry can be found

nor the bouquet of dead flowers

nor the hearts broken by pride

nor the countless crowns atoned with blood

nor the wooden teeth

nor the stars of bone

for only Bram and his paintings possess the answer.

 

Before contemplating his work

we didn’t know that the earth smelled of sweat and ash

that a velvet railway full of rats and extermination runs through the gardens of loyalty

that an ocean of panthers transforms into spring

and clocks hack with the asthma of sensibility.

 

Like a witness who doesn’t seek asylum

he has shown us:

the tenderness of wild cherries

the thorny river of memory

the plaster and moss of melancholy

the old tears of illusions

the grey sky abandoned by childhood

and the pus and pollen of the past.

 

In his paintings we encounter

all the world’s

pain

and fury.

 

( Tout ce qu’a peint Bram van Velde
tout ce qu’il a vêtu de pluies et de coeurs corrodés
la nuit le reconnaît
avec ses aiguilles d’espérance
et sa cendre humide de crachats.

 Ne demandez à personne
où se trouve le cri végétalement seul
ni le bouquet de fleurs mortes
ni les coeurs coupés par l’orgueil
ni les innombrables couronnes rachetées par le sang
ni les dents de bois
ni les étoiles d’os
car seul Bram van Velde et ses tableaux détiennent la réponse.

Avant de contempler son oeuvre
nous ne savions pas que la terre flaire la sueur et les baisers
qu’un chemin de fer de velours chargé de rats et d’extermination parcourt les jardins de la fidélité
qu’un océan de panthères se transforme en printemps
et les horloges rageuses en asthme de la sensibilité.

Comme un témoin qui ne cherche pas asile
il nous a montré:
la tendresse des cerisiers sauvages
les fleuves d’épis de la mémoire
le plâtre et la mousse de la mélancolie
les vieilles larmes des illusions
le ciel gris derté par l’enfance
et le pus et le pollen des souvenirs.

En ses toiles se donnent rendez-vous
toute la peine
et toute la furie
du monde.)

 

Fernando Arrabal
Derrière le Miroir 216, Maeght Editeur, 1975